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Comment réagir à une cyberattaque ? Quels sont les bons réflexes à adopter en cas de rançongiciel ? Quelles sont les premières mesures à prendre ?

Les cyberattaques visant des entreprises ou administrations se multiplient en France et dans l’Union Européenne. Nombreuses sont les organisations qui ne savent pas comment réagir. Votre Avocat fait le point sur ces enjeux essentiels en matière de cybersécurité. 

Quelques chiffres sur les cyberattaques en France

Début septembre 2022, la Direction Générale du Trésor publiait des chiffres particulièrement inquiétants sur l’augmentation des cyberattaques. Ainsi, elle relevait que :

  • 54% des entreprises françaises auraient fait l’objet d’une cyberattaque en 2021 ;
  • Moins de 0,3% des PME françaises sont couvertes par un contrat d’assurance cyber.

Ces chiffres sont par ailleurs confirmés par le « baromètre du ransomware » publié en juin 2022 par la start-up Anozr Way. Ainsi, les cyberattaques réalisées entre janvier et avril 2022, représenteraient déjà 50% des attaques recensées en 2021. Pour Anozr Way, la France serait le troisième pays de l’Union européenne le plus touché. Le secteur public hospitalier étant particulièrement visé.

Qu’est-ce qu’une cyberattaque ?

Le gouvernement définit une cyberattaque comme « une atteinte à des systèmes informatiques réalisées dans un but malveillant ».

Ainsi, les attaquants peuvent bloquer l’usage d’un site internet, intranet voire d’une administration ou d’une entreprise si elle repose sur un système d’information (SI). On parle alors de sabotage.

Le plus souvent, les cyberattaques reposent sur deux techniques très répandues :

  • le hameçonnage ou « phishing » ;
  • Le rançongiciel ou « ransomeware ».

L’attaque par hameçonnage ou technique du phishing

Dans le cas d’une attaque par hameçonnage, les attaquants usurpent l’identité d’un tiers de confiance (banques, administrations, impôts, fournisseurs d’accès, opérateur téléphonique). Ils transmettent un message contenant une pièce jointe ou un lien frauduleux. En suivant les consignes du fraudeur, la victime se dirige vers un site frauduleux imitant le tiers de confiance.

Ce site va l’inciter à remplir des coordonnées bancaires ou personnelles pour en subtiliser le contenu. 

L’attaque par rançongiciel ou technique du ransomeware

Dans le cas d’une attaque par rançongiciel, l’attaquant utilise la même technique consistant à transmettre au destinataire ciblé un message contenant des liens frauduleux.

En suivant le lien, la victime télécharge à son insu un logiciel qui va chiffrer l’ensemble des données contenues sur l’ordinateur, voire sur le système informatique de l’organisation.

Une fois les données chiffrées, la victime voit apparaître un message l’incitant à payer une somme d’argent, le plus souvent en cryptomonnaie pour obtenir une clé déchiffrage et récupérer les données subtilisées.

Attention : rien ne garantit qu’en payant la rançon demandée, la situation sera rétablie. Le système d’information demeure compromis et les données corrompues.

Comment s’en prémunir ? Quelles précautions en interne ?

Tous les experts en cybersécurité s’accordent à dire que le plus souvent la porte d’entrée dans un système sécurisée repose sur une défaillance humaine. S’il est impossible de faire disparaître totalement le risque d’une cyberattaque, il est néanmoins possible de prendre des mesures efficaces pour s’en prémunir. 

  • Mettre en place des procédures internes de veille et d’alerte ;
  • Former le personnel sur l’utilisation des outils informatiques ;
  • S’adjoindre les conseils d’experts en cybersécurité ;
  • Effectuer régulièrement les mises à jour des logiciels et systèmes d’exploitation ;
  • Utiliser un logiciel antivirus à jour ;
  • Sauvegarder régulièrement ses données sur un stockage externe et sécurisé ;
  • Cartographier les données personnelles et sensibles détenues par l’entreprise ;
  • Désigner un responsable de la cybersécurité ;
  • Au moindre doute, vérifier l’expéditeur d’un message ou mail douteux 

Que faire en cas de cyberattaque ?

L’ANSSI (Agence Nationale de Sécurité des systèmes informatiques) propose un guide assez complet des premières mesures à prendre en cas de cyberattaque. De plus, le gouvernement a mis en ligne une plateforme permettant d’entrer en contact avec des prestataires de proximité spécialisé sur le site www.cybermalveillance.gouv.fr.

Exemples de bonnes pratiques :

  • Ne jamais payer la rançon ;
  • Suivre une procédure établie avec des professionnels de la cybersécurité ;
  • Effectuer une notification à la CNIL d’une violation des données personnelles dans les 72 heures au plus tard après en avoir pris connaissance ;
  • Déposer plainte auprès de la police nationale ou, mieux encore, auprès du procureur de la République ;
  • Déposer plainte en ligne sur la plateforme THESEE du ministère de l’intérieur
  • Former opposition sur les différents moyens de paiement susceptibles d’avoir été compromis.
  • Prévenir les tiers (clients, fournisseurs, partenaires, salariés) dont les données sont susceptibles d’avoir été compromises

Que peut faire votre Avocat pour vous accompagner lors d’une cyberattaque ?

Identifier une violation de données personnelles

Lorsqu’une entreprise ou une administration fait l’objet d’une cyberattaque, il existe un risque fort de violation des données personnelles. L’article 4.12 du RGPD définit une violation de données personnelles comme la

« violation de la sécurité entraînant de manière accidentelle ou illicite, la destruction, la perte, l’altération, la divulgation non autorisée de données à caractère personnel transmises, conservées, ou traitées d’une autre manière, ou l’accès non autorisé à de telles données ».

Ainsi, toute entreprise qui utilise des données personnelles doit sécuriser les traitements de ces données (article 32 RGPD). Il lui appartient de désigner un responsable de traitement. Ce dernier n’aura pas une obligation de résultats mais une obligation de moyens. 

Le responsable du traitement doit veiller notamment au respect des objectifs suivants :

  • confidentialité des données ;
  • intégrité des données ; 
  • Disponibilité des données ;
  • Traçabilité des actions effectuées sur les données ;

Chaque organisation doit disposer de ses propres outils et moyens pour s’assurer du respect de ses obligations, selon la nature des données, leur niveau de sensibilité, leur utilisation. En cas de violation des données personnelles, il est également indispensable d’effectuer une notification documentée des violations constatées auprès de la CNIL. 

En l’absence de signalement, l’organisation s’expose à des amendes administratives et pénales.

Aussi, votre Avocat peut vous accompagner pour rédiger une notification à la CNIL et réagir rapidement auprès des autorités.

Réagir auprès des autorités policières et judiciaires 

Il est ensuite indispensable de ne pas rester isolé. Les autorités policières et judiciaires disposent d’équipes spécialisées dans les cyberattaques. 

C’est pourquoi il est nécessaire de déposer plainte. Le dépôt de plainte peut être effectué au commissariat. Mais pour plus d’efficacité, il est judicieux de déposer plainte entre les mains du procureur de la République territorialement compétent. Cette plainte vise alors une personne identifiée ou contre X, si l’auteur des faits n’est pas connu de la victime.

Il appartient au plaignant de déterminer la nature des faits, la date, d’évaluer autant que possible le préjudice subi et de joindre l’ensemble des éléments de preuve relatifs à la cyberattaque.

En l’absence de réponse dans un délai de trois mois à compter du dépôt de plainte, ou en cas de classement sans suite, il est possible de procéder à un dépôt de plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction.

La partie civile devra alors verser une consignation. Le juge d’instruction transmet alors la plainte au procureur de la République qui prend des réquisitions qui pourront avoir pour effet de de mander au juge d’instruction l’ouverture d’une information judiciaire.

Votre Avocat vous accompagne alors tout au long de l’enquête ou de l’instruction.

Lorsque le plaignant devient partie civile, il accède au dossier et dispose de l’ensemble des droits accordés à la partie civile. Il est alors possible de formuler des demandes d’actes, des expertises complémentaires. 

Enfin, à l’issue de la procédure, en phase de jugement, la partie civile pourra alors demander l’indemnisation de son préjudice en formulant une demande de condamnation à des dommages et intérêts. 

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Procès V13

A l’ouverture du procès des attentats du 13 novembre, Sacha Ghozlan, Avocat de parties civiles signe une tribune dans l’Express.

Au-delà de l’émotion et des récupérations politiques, le temps du procès est celui de la vérité judiciaire, rappelle le juriste.

procès attentats 13 novembre salle d'audience
Au Palais de justice de Paris, île de la Cité, au premier jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, le 8 septembre 2021 afp.com/Alain JOCARD

J’appartiens à cette génération qui a passé son examen d’entrée à l’école d’avocat lorsque sont survenus les attentats du 13 novembre 2015. Devenu Avocat, j’ai l’honneur de porter la parole aujourd’hui de certaines victimes du terrorisme islamiste. C’est évidemment vertigineux.
Au lendemain de l’ouverture du procès des attentats du 13 novembre 2015 devant la Cour d’assises spécialement composée, je souhaite alerter nos concitoyens sur trois points d’équilibre qui, je le crois, guideront ces neuf mois d’audience.

Les grands principes face à la réalité judiciaire

Malgré tous les superlatifs employés pour qualifier ce procès et le caractère extraordinaire du nombre de parties concernées, les règles qui y seront appliquées seront celles de l’Etat de droit. Les accusés seront défendus par les meilleurs d’entre nous, et pourront faire entendre leurs voix ou bien garder le silence.
Car c’est la force d’une démocratie que d’ériger le droit en rempart à la barbarie, de substituer à la violence du crime, la justice républicaine indépendante et respectueuse des principes fondamentaux. Cette vigueur de l’Etat de droit peut se résumer dans l’article préliminaire du Code de procédure pénale : « la procédure pénale doit être équitable et contradictoire et préserver l’équilibre des droits des parties ».
Mais par-delà ces grands principes fondamentaux, le drame judiciaire est noué de fragilités qui s’entremêlent. Pendant près de six ans, les victimes ont dû faire face aux souffrances physiques et psychologiques, et au long chemin vers la reconnaissance de leur statut, à travers des expertises médicales, psychologiques, aussi complexes et lourdes que nécessaires.
On peut croire que ce procès sera l’épilogue d’un processus de reconstruction, et qu’il permettra aux victimes de retrouver un rôle de sujet. On imagine parfois aussi qu’un procès peut fournir des réponses. Je le souhaite sincèrement. Mais la réalité judiciaire, est qu’il y a eu, et qu’il y aura encore, probablement, de la déception et des questions légitimes qui demeurent sans réponse.
Derrière les termes de terrorisme, ce sont des actes bien réels, dans la froideur de leurs précisions qui seront analysés minutieusement.
Car derrière ce drame, de nombreuses questions juridiques, techniques et complexes seront analysées pour déterminer le niveau de responsabilité de chacun des accusés.

Des hommes et des femmes face à une idéologie mortifère

Face aux terroristes qui ont voulu effacer le visage de l’Autre, nous tenterons, à travers ces audiences de rétablir l’humanité que des terroristes ont voulu détruire en chacune d’eux.
Et de rappeler que face à eux, se tiennent des hommes, des femmes, qui en acceptant d’exposer un peu de leurs fragilités participent à la manifestation de la vérité judiciaire.
Dans un procès pénal, on parle de « partie civile ». Cette expression a sa part de grandiloquence et d’ambiguïté. Malgré leur nombre, « les parties civiles » ne sont pas une masse informe. En l’espèce, des citoyens, innocents ont été pris pour cible par des soldats d’un dieu fantasmé et dévoyé, précisément parce qu’ils sont citoyens et innocents.
Et en chacun d’eux, réside cette part d’humanité, cette histoire singulière pour laquelle il nous faudra trouver les mots pour l’intégrer dans un récit collectif.
Ils se tiendront debout, avec leurs fêlures, pour dire au monde ce que des hommes sont capables de faire à d’autres hommes. Pour que des hommes en jugent d’autres.

Le poids du silence face au bruit

D’autres n’auront pas l’envie, le courage, la possibilité ou ne se sentiront pas la légitimité de témoigner, voire de se rendre à ce procès. Leur absence ou leur silence ne devront pas être oubliés.
Dans l’enceinte du palais de justice, nous devrons écouter ces silences et ces absences. A charge pour les juges antiterroristes de les intégrer dans la décision à intervenir. Car ils participent, eux aussi, de la manifestation de la vérité judiciaire.
Le défi de ce procès sera enfin de laisser le populisme judiciaire et sécuritaire aux portes du Palais de justice. Repousser loin derrière les murs de ce Palais, une campagne présidentielle au cours de laquelle les visages et les noms des victimes ont d’ores et déjà été instrumentalisés à des fins électoralistes par des candidats putatifs ou déclarés.
Car nombreux sont ceux qui perçoivent dans ce procès pour l’Histoire, l’occasion de jouer sur les peurs pour confondre islam et terrorisme, pour renier nos principes fondamentaux ou propager des vérités alternatives. A nous, citoyens de nous opposer à ces préjugés, à ces raccourcis et au concours Lépine d’une prétendue lutte antiterroriste qui mérite d’être traitée avec sérieux et dignité.
Voici l’immense défi que nous nous apprêtons à relever collectivement, en veillant à ces trois points d’équilibre. Au terme de ce processus de neuf mois, les juges antiterroristes accoucheront d’une vérité judiciaire, à l’abri du vacarme politique mais aux yeux de tous les citoyens. Et alors, je le souhaite, nous pourrons reprendre le cours de nos vies.