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Blockchain Preuve et signature

Au-delà de son apport technologique, la Blockchain révolutionne les modes de preuve. Nous avions exposé dans un premier article les fondamentaux de la technologie Blockchain, nous abordons ici cette technologie sous l’angle de la preuve et de la signature numérique. En effet, la Blockchain bouleverse les méthodes traditionnelles de certification et d’authentification des écrits et des transactions électroniques.

Blockchain –  une preuve imparfaite au sens du code civil

Le droit français consacre deux modes de preuves : les preuves parfaites (les actes authentiques) et les preuves imparfaites (actes sous seing privé). La blockchain s’inscrit dans la catégorie des preuves imparfaites. Les preuves imparfaites ont une valeur probatoire, jusqu’à ce qu’une preuve contraire soit apportée.

De plus, l’article 1366 du Code civil consacre l’écrit électronique et lui confère les mêmes qualités que l’écrit papier sous deux conditions :

  • qu’il soit possible d’identifier l’auteur de l’acte ;
  • que l’établissement et la conservation de l’écrit électronique garantissent son intégrité.

Si les conditions de conservation sont optimales sur la blockchain, la preuve de la titularité d’un droit émanant de la blockchain est difficile à apporter. Il est en effet possible de prouver facilement qu’une transaction est bien inscrite dans la blockchain. En revanche, il sera plus compliqué de prouver qui en est l’auteur. Cela s’explique par la décentralisation et de la confidentialité inhérentes à cette technologie.

Car la personne qui revendique la titularité d’un droit sur une information inscrite dans le registre peut posséder la clé privée d’authentification sans en être le véritable propriétaire. Cette inscription dans la blockchain serait donc un élément parmi d’autres pour apporter la preuve de la titularité de droits sur une oeuvre inscrite dans la blockchain.

Quel statut juridique pour la preuve ou signature Blockchain ?

Nous pouvons rattacher la « preuve blockchain » à des mécanismes juridiques applicables aux écrits, preuves  et signatures électroniques.

La preuve Blockchain, si elle n’est pas considérée spécifiquement par les textes, peut valoir preuve dans certaines hypothèses.

Tout d’abord, l’article L.110-3 du Code de commerce prévoit que la preuve est libre entre commerçants. La blockchain en tant que registre électronique une preuve imparfaite.

Ensuite, l‘article 427 du Code de procédure pénale prévoit également que la preuve est libre en matière pénale.

Il serait donc possible de faire valoir ses droits et de défendre ses intérêts devant les juridictions pénales par l’intermédiaire de la blockchain.

En matière de propriété intellectuelle, en Chine, le tribunal de Hangzhou a confirmé le 28 juin 2018 que les données électroniques insérées dans la blockchain peuvent servir de preuve dans un contentieux judiciaire.

Il serait donc possible d’utiliser ce mode de preuve devant les juridictions commerciales, et celle-ci serait admise, « jusqu’à preuve contraire ». 

Votre Avocat peut vous aider à utiliser la blockchain comme une preuve dans vos relations juridiques.

La blockchain, une signature électronique simple

Le règlement eIDAS n°910/2014 du 23 juillet 2014 établit un socle commun pour les interactions électroniques sécurisées entre les citoyens, les entreprises et les autorités publiques. Il définit les critères des différentes signatures électroniques selon leurs qualités.

Le règlement eIDAS apporte une définition de la signature électronique simple.

La signature électronique simple est un sceau numérique servant à authentifier un document indépendamment de son auteur. Elle est utilisée pour signer des documents tels que des contrats, des bons de commande, des prélèvements SEPA ou des conditions générales de vente et d’utilisation.

Au regard des critères établis par le règlement eIDAS, la blockchain répond aux conditions de la signature électronique simple. C’est d’ailleurs la position retenue par l’EU Blockchain Observatory and Forum.

Selon cette organisation, la blockchain pourrait même avoir le statut de signature électronique avancée, soit d’une signature électronique assurant l’identité du signataire et l’adhésion à l’acte.

En effet, la blockchain apporte un lien entre une adresse publique et la transaction effectuée. Elle ne permet pas d’identifier avec certitude et de façon automatique l’auteur de l’acte. Elle ne peut donc pas, pour l’heure accéder au statut de « signature électronique avancée » que l’on retrouve dans les contrats de crédit par exemple.

Dans l’attente d’une véritable consécration par le droit français, il appartiendra au juge d’apprécier in concreto la valeur de cette preuve électronique.

 

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Sources

http://www.tendancedroit.fr/wp-content/uploads/2020/11/BLOCK123-135.pdf

Enjeux de la blockchain du point de vue du praticien – Stéphanie Legrand – Dalloz IP/IT 2019. 85

P. de FILIPPI, Blockchain et Cryptomonnaies, PUF 2022

Contrat électronique entre professionnels : Dict. perm. Droit des affaires janv. 2020 (mise à jour), n° 76.

JurisClasseur Procédure pénale > App. Art. 427 à 457, Fasc. 20 : LA PREUVE NUMÉRIQUE DANS UN CADRE PÉNAL

Avocat Blockchain – Tout savoir sur la Blockchain

Blockchain Avocat – Votre avocat vous explique le fonctionnement de la Blockchain. C’est en premier lieu, une innovation fondamentale qui repose sur des mécanismes de chiffrement. Elle offre des possibilités importantes pour certifier, prouver, authentifier, vérifier la qualité de documents et de transactions.

Blockchain Avocat – Comprendre le fonctionnement de la Blockchain

Tout d’abord la Blockchain est une « technologie de stockage et de transmission d’informations permettant la constitution de registres répliqués et distribués, sans organe de contrôle, sécurisées grâce à la cryptographie et structurées par des blocs liés les uns aux autres, à intervalle de temps réguliers » (OPECST, Comprendre les blockchains : fonctionnement et enjeux de ces nouvelles technologies).

La blockchain apparaît d’abord au sein du mouvement « cypherpunk ». Elle utilise des technologies de chiffrement.

C’est pourquoi, sur le fondement de cette technologie ont été développées des cryptomonnaies telles que le Bitcoin. Son fondateur, Satoshi Nakamoto dévoilait les fondamentaux de cette technologie dans un livre blanc disponible sur internet.

Le fonctionnement de la Blockchain

La Blockchain répond à trois questions techniques :

  • Comment se passer d’intermédiaire financier pour sécuriser des transactions ?
  • De quelle manière certifier des transactions pour effectuer une vérification de la chaîne ?
  • Comment vérifier l’intégrité des transactions ?

Une double clé de chiffrement pour sécuriser les transactions sur la Blockchain

Les cryptomonnaies sont fondées sur des technologies de chiffrement à double clé (une clé privée et une clé publique) qui permettent de se passer d’intermédiaires financiers et notamment d’institutions financières classiques ou de confiance. Ce sont ces institutions qui, traditionnellement, certifient l’identité des utilisateurs et des transactions effectuées.

En somme, dans ce système de chiffrement asymétrique, on retrouve toujours deux clés :

  • une clé publique anonyme générée à partir de la clé privée inconnue du public ;
  • une clé privée qui ne peut être générée à partir de la clé publique et qui n’est connue que de son seul utilisateur ;

En outre, avec ce système de double clé, il est possible de signer un document et donc une transaction de façon numérique. Cette signature est unique. Elle garantit son authenticité, sans passer par une autorité de contrôle fournissant un certificat électronique. En utilisant la blockchain comme un registre de comptes ou un registre de transactions, il est alors possible de vérifier chaque inscription sur ce registre.

Blockchain Avocat – Une vérification par algorithme

Aussi, par l’utilisation d’un algorithme dit ECSDSA il est alors possible de contrôler « que la transaction a bien été signée avec la clé privée associée à l’adresse qui émet cette transaction et que cette adresse détient suffisamment de bitcoins pour assurer cette transaction » (P. de FILIPPI, Blockchain et Cryptomonnaies).

L’usage de ces deux clés est indispensable pour prouver que l’on est bien à l’origine d’une transaction ou plus généralement de l’inscription d’une information dans la blockchain. C’est pourquoi, il faut être particulièrement vigilant et éviter toute perte ou vol de clé privée, car il n’existera plus de possibilité d’apporter la preuve de la propriété de l’information contenue dans la blockchain.

Votre Avocat vous accompagne pour toutes vos questions relatives à la Blockchain

L’intégrité garantie par le hachage sur la Blockchain

De plus, pour vérifier l’intégrité des transactions, la blockchain utilise le mécanisme de hachage. Il s’agit d’une méthode de calcul permettant d’obtenir une taille fixe (message de sortie) à partir d’une entrée de taille variable (message d’entrée). Celle utilisée par le Bitcoin est le SHA-256.

Les participants pourront ensuite vérifier l’intégrité des données reçues à partir du hachage des transactions sur la blockchain, car chaque transaction fait l’objet d’une empreinte unique.

Ainsi, par l’utilisation de cette méthode, tous les participants peuvent vérifier si la transaction a bien été enregistrée dans un bloc du registre et si elle n’a pas fait l’objet d’une modification.

Le proof of work – La preuve de travail des mineurs

Par ailleurs, des membres d’une blockchain mettent à disposition la puissance de calculs de leurs machines. Ce sont les mineurs. Ils valident les transactions inscrites dans le système contre rémunération.

En effet, ce sont les mineurs qui valident la transaction. Ce processus dit« proof of work » (preuve de travail). Ainsi, pour qu’une transaction soit validée, 51% des mineurs du réseaux valident la transaction. Le premier mineur à trouver la solution permettant de valider la transaction reçoit une récompense, généralement en cryptomonnaies.

Une fois la transaction validée, elle est ensuite dupliquée sur l’ensemble des serveurs du réseau et tous les participants pourront accéder à l’empreinte, sans reconstituer le document d’origine, via leur clé publique.

Le proof of stake – La preuve d’enjeu de la Blockchain

De surcroît, la blockchain fonctionne sur un algorithme de consensus. Chaque utilisateur a la possibilité de vérifier que la personne qui inscrit une transaction dans la blockchain dispose du montant suffisant pour valider la transaction. C’est ce mécanisme qui permet de garantir la fiabilité du système.

In fine, la blockchain répond à des critères qui en font une innovation technologique fondamentale :

  • Décentralisée (sans tiers de confiance institutionnel) ;
  • Sécurisé et infalsifiable (via les techniques de chiffrement) ;
  • Publique (vérifiée par tous) ;
  • Rapide ;
  • Confidentielle ;
  • Infalsifiable ;

En définitive, de nombreuses technologies sous-jacentes exploitent la Blockchain telles que les cryptomonnaies.

Nous le verrons plus en détail dans les prochains articles à venir.

Article n°2 – Blockchain, preuve et signature électronique 

 

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Sources :

Dalloz, Blockchain, Aspects techniques A. FAVREAU, septembre 2021

Dalloz IP/IT, Enjeux de la blockchain du point de vue du praticien, S. LEGRAND, 2019

P. de FILIPPI, Blockchain et Cryptomonnaies, PUF 2022